Afghanistan: la production d'héroïne bat tous les records
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Agence France-Presse
Vienne
La production d'héroïne a battu tous les records en Afghanistan en 2007 malgré les tentatives de la communauté internationale pour enrayer ce fléau, s'alarme l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans son rapport annuel publiable mercredi.
L'Afghanistan a produit une «quantité exceptionnelle» de 8.200 tonnes d'opium l'an passé, soit 34% de plus qu'en 2006, et approvisionne désormais le marché mondial des opiacés à hauteur de 93%, selon ce rapport.
«La culture illicite du pavot à opium en Afghanistan a continué d'augmenter pour atteindre un niveau très inquiétant malgré les efforts du gouvernement et l'appui fourni par la communauté internationale ces cinq dernières années», souligne l'OICS, un organe de l'ONU basé à Vienne.
La culture du pavot en Afghanistan, qui a progressé de 17% à 193 000 hectares en 2007 après une augmentation de 59% l'année précédente, s'est en outre accompagnée d'une hausse des rendements à 42,5 kg/ha contre 37,0 kg/ha précédemment.
En comparaison, seuls 19.000 hectares ont été éradiqués durant cette période dans ce pays, selon l'OICS, qui rappelle que l'héroïne afghane est ensuite acheminée dans le monde entier, en particulier en Europe, où le nombre d'héroïnomanes est évalué à 3,3 millions.
Parallèlement, l'Afrique semble s'installer comme plaque tournante du trafic de cocaïne vers l'Europe, où la demande de cette drogue continue de progresser.
Selon l'OICS, qui note une «progression rapide du trafic», de 200 à 300 tonnes de cocaïne en provenance d'Amérique latine ont transité par l'Afrique en 2007.
L'Organe s'alarme par ailleurs de l'explosion des détournements en Afrique et en Asie de précurseurs chimiques permettant la fabrication de drogues.
De la même façon, l'OICS relève que la distribution illégale sur Internet de substances médicamenteuses licites continuait de prendre de l'ampleur, posant «un problème toujours plus grave» de santé publique à l'échelle mondiale.
Le nombre de sites proposant de telles substances de façon incontrôlée aurait augmenté de 70% en 2007, selon l'OICS, pour qui «le volume très élevé des transactions est un sujet grave de préoccupation».
Seule bonne nouvelle pour l'OICS: l'abus de cannabis, drogue n°1 au monde et plus particulièrement en Europe, tend à se «stabiliser» après des années de progression.
Pour combattre le trafic de drogues, l'Organe préconise une meilleure coopération internationale, axée en priorité sur la lutte contre les réseaux plutôt que sur les petits consommateurs.
L'OICS, un organisme indépendant de 13 membres - médecins, pharmacologues et experts - crée en 1968, est chargé de suivre l'application des conventions internationales de l'ONU sur le contrôle des drogues.
http://www.cyberpresse.ca/article/20080304/CPMONDE/80304200/1014/CPMONDE